Du point de vue de leur développement embryologique, les yeux sont une extension du cerveau. Les nerfs optiques sont en fait une des voies du système nerveux central : les yeux ne sont qu'une partie du système visuel.
Ils permettent la réfraction de la lumière pour que les images que nous percevons arrivent sur la rétine et soient ensuite envoyées par les nerfs optiques au siège de la vision (cortex visuel) dans le cortex occipital.
C'est dans le cortex visuel, à l'arrière de la tête, que sont rassemblées toutes les informations perçues par les yeux, c'est-à-dire les couleurs, les formes, les contrastes et les mouvements où ils seront analysés et interprétés.
Parce qu'ils font physiologiquement partie du cerveau, les yeux sont influencés par l'état général de notre corps, nos pensées et nos croyances.
Le développement du bébé vers l'enfance puis vers l'âge adulte s'opère en accumulant de nombreuses expériences qui, plus tard, contribueront à former ses convictions, ses principes, son " regard " sur le monde. Les émotions négatives que nous vivons tous au quotidien telles que colère, peur, panique, anxiété, irritation, énervement, stress, provoquent des modifications physiologiques importantes sur le corps : rétention du souffle, accélération du rythme cardiaque, fixité du regard, contracture musculaire. La fonction agit sur la structure, un stress mental qui perturbe provisoirement la fonction de l'oeil changera donc provisoirement sa structure.
Si cet état négatif n'est que passager, les choses rentreront dans l'ordre. Mais si cet état se prolonge, la perturbation initiale deviendra le fonctionnement " normal ". Un meilleur usage des yeux peut donc induire, en retour, un effet bénéfique sur cette structure.
Le cortex visuel reçoit de l'oxygène et des nutriments via l'artère cérébrale postérieure qui est une continuation de l'artère vertébrale. Cette dernière monte au cerveau à travers une série d'orifices latéraux dans les six vertèbres cervicales du cou. Donc, toute modification de l'alignement de ces vertèbres (accidents, faux mouvements, manipulation du cou) peut perturber l'irrigation du cortex visuel.
De la même manière, toute tension dans les muscles attachés aux vertèbres cervicales peut modifier notre capacité visuelle.
L'aide d'un ostéopathe peut être nécessaire pour vérifier que la relation entre la tête, le cou et la colonne vertébrale est correcte. Il est également important de veiller à notre posture, (manière dont nous nous tenons). Par exemple, notre tendance à incliner la tête de côté, ou la projeter vers l'avant ou vers l'arrière de la colonne vertébrale, pourra avoir des conséquences sur la vue.
Le cerveau reçoit tellement d'informations par les yeux qu'il lui est impossible de tout enregistrer, il opère donc une sélection, influencée par l'intérêt et l'attention que nous portons aux détails de notre environnement. Le bébé s'intéresse à tout et ses yeux, qui cherchent à explorer le monde, bougent sans cesse. Cet intérêt commence à se réduire dès l'entrée à l'école avec les contraintes du sédentarisme scolaire et se transforme souvent en ennui et en stress mental.
On observe rapidement le début des problèmes visuels à l'école primaire ou au moment des études supérieures.
Plus tard, dans la vie adulte et professionnelle, nous sommes également confrontés à des pressions de réussite, de concurrence et de compétence professionnelles, parfois à l'ennui, à la course à la survie, aux soucis matériels, familiaux...
Toutes ces contraintes vont modeler notre façon de penser, d'interpréter, de " voir " les choses, et tellement nous préoccuper que nous finissons inconsciemment par réduire le champ de notre "regard" et par voie de conséquence notre champ visuel. Le simple fait d'élargir notre champ visuel par la conscience de la vision périphérique soulage et repose la vision centrale. De la même manière, la conscience d'un environnement plus large autour de soi permet de voir dans quel contexte s'inscrivent nos soucis quotidiens. Nous prenons alors du recul et pouvons relativiser les choses.
Il est important de "voir" ce que nous regardons,
ce qui n'est pas le cas quand nous sommes stressés ou préoccupés. Nos préoccupations mentales encombrent notre cerveau et l'empêchent d'intégrer les images du monde extérieur. Cet état mental affecte la mobilité naturelle des yeux qui, pour fonctionner correctement, doivent être constamment en mouvement.
La physiologie de la rétine exige, pour obtenir une image nette, que l'œil soit constamment en mouvement : ce nystagmus physiologique, également appelé " mouvements saccadiques ", permet de " régénérer " l'image. Quand l’œil est immobilisé artificiellement (en laboratoire), l'image sur la rétine disparaît. Si vous fixez un objet en essayant de ne pas ciller des yeux, après quelques instants vos yeux deviennent douloureux et l'objet regardé devient trouble.
Pourquoi ?
La rétine est dotée d'environ 116 300 à 131 800 millions de cellules réceptrices sensibles à différentes nuances de la lumière. Parmi elles, 6 à 8 millions de cônes sont sensibles aux couleurs et à la forte lumière, dite lumière du jour.
La macula lutea (dite " tache jaune "), située au centre de la rétine directement dans l'axe de la pupille, concentre la majorité de ces cônes. Au milieu de la macula se trouve la fovea centralis sur laquelle la lumière, réfractée par les éléments transparents à l'intérieur du globe oculaire, doit arriver pour obtenir une vision nette.
Pour obtenir une vision nette d'un objet, la fovea doit le parcourir, par saccades, dans tous les sens afin que le cerveau reçoive les détails pour analyse et interprétation.
Les 110 à 125 millions de bâtonnets de la rétine périphérique, sont sensibles aux contrastes et au mouvement. Les cônes et les bâtonnets réagissent en synergie. Les yeux ont besoin non seulement de lumière mais aussi de d'obscurité et de repos. L'obscurité est nécessaire aux pigments des cellules réceptrices. Ils absorbent la lumière, la transforment en signaux nerveux transmis par les nerfs optiques au cortex visuel.
Une fois la lumière absorbée, ces pigments ont besoin d' obscurité pour se reconstituer et pouvoir de nouveau absorber et transformer la lumière.
D'où l'importance du cillement, qui sert à lubrifier, nettoyer et protéger la surface extérieure de l'oeil et aussi à lui donner les instants d'obscurité dont il a besoin.
Ce cillement réflexe diminue , dans des conditions de stress ou de concentration intense, , provoquant une vue trouble et une sensation de brûlure ou de picotement.
Avant l'âge scolaire, l'enfant explore, expérimente, s'intéresse, observe, joue avec intérêt et curiosité.
A partir de la scolarité, l'enfant va fixer son regard, soit sur le tableau, soit sur son cahier ou sur son livre. Il va rester assis plus longtemps et réduire ses mouvements. Il est vrai que notre société moderne nous sédentarise de plus en plus par ses modes d'études, de travail et de loisirs.
Nous lisons beaucoup, nous travaillons sur des ordinateurs, nous circulons en voiture, nous nous reposons en regardant la télévision, en jouant avec des jeux vidéos ou en lisant.
Nos yeux se fixent sur des objets assez proches et notre regard reste figé avec concentration et/ou application, alors que les mouvements saccadés ou frémissements fovéaux effectués par l’œil pour parcourir un objet sont essentiels à une bonne vue et à la netteté de la perception.
L’œil se repose en regardant au loin.
L'accommodation prolongée de près risque de provoquer une contracture musculaire. Cette contracture empêche la souplesse d'accommodation qui stimule et détend les yeux. Ceux-ci se fatiguent, se rigidifient, accommodent moins aisément. Détente et mouvement sont donc indispensables au maintien de la vue.
Lorsque nous regardons un objet, le point que l'oeil perçoit le plus nettement est celui auquel il s'intéresse, le reste de l'objet étant moins nettement perçu.
Ainsi, l’œil doit, pour le voir dans sa totalité et pour que le cerveau l'identifie, procéder par mouvements saccadés autour de l'objet regardé. Le docteur Bates appela ce phénomène la fixation centrale ou la vision fovéale. Quand la vue baisse, l'oeil perd sa capacité de fixation centrale.
Les mouvements saccadés ou frémissements fovéaux effectués par l’œil pour parcourir un objet sont essentiels à une perception nette de l'espace.
Les yeux ont besoin de la lumière naturelle.
Indépendamment des discours alarmistes sur le soleil, il n'en demeure pas moins que ce dernier est vital pour notre bien-être, notre équilibre, notre croissance et notre corps.
Ce n'est pas le soleil qui représente un risque, c'est notre comportement à son égard.
Les peuples qui vivent dans les régions à fort ensoleillement savent comment se comporter. Ils ne se bronzent pas quand le soleil est à son zénith, ils restent à l'ombre ou à l'intérieur. Ils se couvrent complètement avec des vêtements adaptés et non serrés à la taille ou aux jambes.
Notre civilisation moderne nous a coupés du rythme des jours et des saisons, Elle nous sédentarise, nous enferme des journées entières dans des bureaux, des établissements scolaires, des usines, généralement sous une lumière artificielle qui ne nous nourrit pas.
Cependant, les yeux sont conçus pour assimiler cette énergie vitale et s'adapter parfaitement à toute nuance de lumière par la dilatation et la contraction des pupilles, selon le degré de luminosité. S'ils ne s'adaptent pas, ce n'est pas le soleil qui représente un risque, mais c'est l'utilisation que nous faisons de nos yeux qui est mauvaise.
Ce manque de lumière naturelle cause de nombreux troubles tels que des carences en vitamine D, des problèmes de croissance, voire un dérèglement hormonal. Dans les pays nordiques, les hivers longs et le manque d'ensoleillement provoquent des dépressions qui sont traitées aujourd'hui par l'exposition à des lampes spéciales fournissant une lumière proche de celle du soleil. Par ailleurs, nous n'avons plus l'occasion de vivre le crépuscule.
En effet, dès le crépuscule, nous allumons les lampes à l'intérieur de nos maisons ou de nos bureaux. Pourtant, le crépuscule laisse à nos cônes (vision de jour) le temps nécessaire pour passer graduellement le relais aux bâtonnets (vision de nuit). Avant l'invention de l'électricité, nous avions besoin de nos bâtonnets pour circuler dans la nuit, prévenir le danger, éventuellement chasser L'équilibre de l'oeil nécessite la stimulation de toutes ses parties.
Ce que nous n'utilisons pas s'atrophie.
Il est rare, en outre, que nous ayons le réflexe de reposer nos yeux. Ils sont sollicités de plus en plus longtemps car l'éclairage artificiel permet de prolonger nos journées tard dans la nuit.
Et le sommeil ne repose pas forcément les yeux...
Chaque œil voit la même chose sous un angle différent et transmet au cerveau deux images que ce dernier va fusionner en une seule.
Le travail "à deux" des yeux -la vision binoculaire- nous permet de voir le monde en trois dimensions, c'est-à-dire avec profondeur.
Ce travail "en équipe", comme un seul œil, fait parfois défaut.
Normalement, la vision binoculaire se développe avec l'apprentissage du mouvement lors de la petite enfance. Cette binocularité est essentielle à une bonne vue, à l'équilibre de la personne. Elle est témoin de l'harmonie entre le cerveau droit et cerveau gauche, entre les yeux et le cortex visuel.
La méthode Bates
En conclusion, la méthode permet d'acquérir des outils que chacun peut intégrer dans sa vie quotidienne afin de modifier le regard et donc l'utilisation des yeux.
Ces outils mettent en application les trois principes de la méthode Bates :
La seule pratique des exercices proposés dans les ouvrages sur les manières d'améliorer la vue n'aboutit pas forcément à une amélioration.
Quelques leçons avec un professeur sont indispensables, car les exercices effectués à partir d'un livre peuvent s'avérer totalement inefficaces : ce n'est pas l'exercice en soi qui est important mais la manière dont il est exécuté.
La méthode Bates ne se limite pas à une série de cours de gymnastique oculaire, elle nous apprend à reconsidérer la façon de regarder et à prendre conscience de ce que nous regardons
La méthode est une démarche consciente, qui peut demander du temps dans le quotidien.
L'obtention d'un résultat tangible nécessite acceptation et volonté de changer. Impatience et expectative peuvent induire la contrainte ; cette contrainte peut devenir une tension mentale, donc une source de stress qui ne va faire qu'exacerber le problème initial. L'absence d'expectative nous ouvre au changement et ce changement peut s'accompagner de résultats
L'amélioration de la vue, comme tout ce que l'on apprend, demande motivation et persistance. Le bébé apprend à marcher en tombant et en se levant des millions de fois et en s'amusant. Les adultes ont besoin d'aide et d'inspiration afin d'apprendre à pratiquer le tai chi, le tango, à jouer d'un instrument ou à mieux voir.
Le processus d'apprentissage avec un enseignant de la méthode Bates ne se substitue en aucun cas à un bilan ou à un suivi ophtalmologique.
Le livre fondateur de la Méthode Bates :
The Cure of Imperfect Sight without Glasses, W.H. Bates, M.D. Central Fixation Publishing Co., New York City, 1920.
Cet ouvrage du Dr. BATES (en anglais) est aujourd'hui dans le domaine public.
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